
Un green bond (ou obligation verte) est une obligation émise pour financer un projet lié à la transition énergétique et écologique. 4 thématiques sont principalement concernées : énergies renouvelables, efficacité énergétique, gestion durable de l’eau et des déchets, transport propre. Les green bonds possèdent des caractéristiques similaires aux obligations classiques et peuvent être émis sur les marchés financiers à la fois par des acteurs publics (Etats, collectivités, institutions) et privés.
La première émission de green bonds a été réalisée en 2007 par la Banque Européenne d’Investissement (BEI) afin de financer des projets d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. En 2013, 4 banques (JP Morgan Chase, Bank of America Merrill Lynch, Citigroup et le Crédit Agricole) ont rédigé les Green bonds Principles afin de combler le vide réglementaire et de définir les principes généraux des green bonds. Ce document indique par exemple qu’en plus d’être évalués par les agences de notation classiques (Fitch, S&P et Moody’s principalement), les green bonds doivent recevoir une notation extra financière, attribuée par des agences dédiées comme Vigeo Eiris ou oekom research. Le rôle de ces agences consiste d’abord à vérifier que les projets financés par les green bonds sont bel et bien liés à la transition énergétique et écologique, puis ensuite à évaluer les retombées positives de ces projets à l’aide d’indicateurs environnementaux.
En offrant un cadre aux green bonds, les Green Bonds Principles constituent un des leviers de la forte croissance de ce type d’obligations depuis 2013 : 258 milliards de dollars de green bonds ont été émis en 2019, contre 42 milliards en 2015.

Un environnement propice à l’essor des green bonds
Depuis quelques années, les engagements environnementaux des acteurs privés et publics se multiplient, suite notamment aux Accords de Paris et à l’instauration des 17 Objectifs de Développement Durable (ODDs) par l’Organisation des Nations Unies en 2015. L’atteinte de ces objectifs nécessite des investissements conséquents et constitue donc un cadre propice au développement des green bonds.
Les Etats ont ainsi recours de manière croissante aux green bonds pour financer leurs engagements environnementaux. En Janvier 2017, la France est devenue le second Etat, après la Pologne, à émettre des green bonds. Cette émission inaugurale de 7 milliards d’euros permet notamment de financer des projets de lutte contre le réchauffement climatique et de préservation de la biodiversité. Le secteur des green bonds peut également bénéficier des objectifs environnementaux ambitieux des géants de l’énergie. EDF a ainsi réalisé en septembre 2020 la plus importante émission de green bonds convertibles (2,4 milliards d’euros) afin de financer le développement de son activité énergies renouvelables.
L’épidémie de coronavirus a accéléré la volonté de changement positif et esquissé la promesse d’un « monde d’après » plus vert et plus durable. L’Union Européenne a par exemple riposté à la crise économique avec la mise en place d’un vaste plan de relance à forte dimension environnementale. En plus de soutenir l’économie, ce plan doit en effet apporter les investissements nécessaires à l’atteinte des objectifs environnementaux fixés par l’UE, comme la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour financer le plan, l’Union doit emprunter un montant record de 750 milliards d’euros sur les marchés financiers. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne, a annoncé que 30% de cette somme (soit 225 milliards d’euros) va être empruntée sous forme de green bonds. Ces derniers serviront par exemple au financement du développement de l’éolien offshore, l’Union Européenne visant une puissance installée de 450 GW en 2050, contre 22 à fin 2019.
Un autre facteur de croissance des green bonds est l’essor des concepts d’investissement responsable et durable. En effet, les critères ESG gagnent de plus en plus d’importance dans les décisions d’investissement, et un nombre croissant d’investisseurs institutionnels et particuliers souhaitent financer des entreprises et projets à impact positif. En conséquence, la majorité des banques et sociétés de gestion d’actifs proposent désormais des produits financiers responsables et durables, parmi lesquels les green bonds figurent en bonne place. L’attrait pour ces derniers est d’autant plus fort qu’ils offrent, en plus de leur impact positif, des rémunérations similaires aux obligations classiques. Par ailleurs, plus de 90% des green bonds sont classés « Investment grade » par les agences de notation financières, ce qui signifie qu’ils font partie des obligations les moins risquées.
Enfin, il est nécessaire de souligner que le marché des green bonds, à l’image de l’ensemble des marchés financiers, est dopé par la faiblesse persistante des taux d’intérêt qui stimule l’investissement.
Social bonds, SDG bonds…
En parallèle de la forte croissance des green bonds, d’autres obligations durables ont fait leur apparition. En premier lieu les social bonds, qui sont des obligations émises pour financer des projets à fort impact social. Au premier semestre 2020, l’UNEDIC, l’association chargée par l’Etat français de la gestion de l’assurance chômage, a par exemple émis 8 milliards d’euros de social bonds afin de financer le dispositif de chômage partiel mis en place suite à la crise du Covid-19. En octobre 2020, l’Union Européenne a elle réalisé la plus importante émission d’obligations sociales (17 milliards d’euros) afin de financer l’l’instrument européen de soutien temporaire pour atténuer les risques de chômage en cas d’urgence (Support to mitigate unemployment risks in emergency – SURE).
Les années récentes ont également vu l’émergence des SDG bonds. Ces obligations visent à financer des projets contribuant directement à l’atteinte d’un des Objectifs de Développement durable (en anglais Sustainable Development Goals, SDG). En 2019, c’est l’énergéticien italien Enel qui a pour la première fois émis des SDG bonds (4 milliards d’euros) afin d’accroitre sa capacité installée d’énergie renouvelable et réduire son intensité carbone. Enel vise par conséquent à contribuer à l’atteinte de l’Objectif 7 « Energie propre et abordable » et de l’Objectif 13 « Lutte contre le Changement climatique » des ODDs.
L’enjeu principal pour ces nouvelles obligations durables est la mise en place d’un cadre réglementaire et de critères d’éligibilité qui permettent de s’assurer que les projets financés ont un véritable impact positif et limitent ainsi les pratiques de « greenwashing ».
Jean-Maroun Besson
Intéressant et clair.. Merci !
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