La famille royale : un business pas comme les autres

Ah, royauté d’Angleterre ! Indéniablement l’une des plus prisées, des plus enviées mais, également, des plus énigmatiques famille du monde. Que l’on ait suivi leurs évolutions au rythme des années, ou tout simplement au rythme des saisons de The Crown, leur vie de faste impressionne et questionne : combien la famille royale coûte-t-elle à l’Angleterre ? Et, surtout, est-ce un investissement rentable ? Quelques jours après le décès du Prince Philip, mari de la Reine et duc d’Édimbourg, âgé de presque un siècle, Easynomics se penche sur le sujet et vous propose de décortiquer avec nous le poids économique de cette royauté hors du commun. 

Comment se finance la famille royale ?

Contrairement à d’autres familles royales européennes, la famille britannique possède deux fonds de financement : la dotation royale ainsi que les bénéfices des propriétés car les deux duchés concernés fonctionnent encore de façon féodale, c’est-à-dire que la royauté est propriétaire terrienne. Souvent critiquée, la dotation royale est financée par les contribuables, via les impôts donc. En effet, la famille royale coûte près de 350 millions de pounds par an. Si cette critique semble de prime abord légitime, en 2018, la famille royale a coûté près de 1.24 livres par citoyens britannique soit… 1,39 euro ! Abordable, donc. En effet, sur les 350 millions, seuls 67 millions venaient de la dotation. Les bénéfices immobiliers, eux, sont principalement financés par le duché de Cornouailles d’une valeur de 918 millions d’euros ainsi que le duché de Lancaster. De fait, si la cotisation pour la famille régnante n’est guère titanesque, sa critique est principalement adressée à son évolution de près de 10 points de pourcentage en deux décennies. La critique est également contre l’utilisation de ces fonds : la grande majorité va à la rénovation des bâtiments. La hausse de la dotation a, en effet, été principalement causée afin de financer des rénovations à Buckingham Palace. De même, les voyages des membres royaux génèrent de fortes critiques comme ceux de Charles et Camilla qui ont coûté en 2019, près de 4.6 millions de pounds. Ainsi, comme l’indiquait Norman Baker, député libéral-démocrate, « les finances, c’est le principal point de vulnérabilité de la famille royale ».

Un portefeuille d’actifs royal

Classée en 372ème position des plus grandes fortunes classées par le Sunday Times, la Reine d’Angleterre demeure l’une des plus grandes fortunes britanniques. Ébranlée par l’affaire des Panama Papers, la Reine aurait une fortune bien plus grande que ce qu’elle déclare car selon la BBC et The Guardian, cette dernière aurait des fonds cachés aux îles Caïmans et aux Bermudes. Pourtant, au-delà de l’argent récolté par le duché de Lancaster et de Cornouailles, la Reine est également la CEO d’un business qui perdure depuis des siècles sans prendre une ride. En effet, sous les conseils de la boîte de conseil KPMG, cette dernière possède un portefeuille évalué à 15.6 milliards d’euros d’actifs nets qui détient des fonds marins s’étendant jusqu’à 12 miles des côtés, le parc éolien Offshore britannique mais également 17 centres commerciaux, près de 185 000 mètres carrés d’immobiliers de bureaux dans le centre de Londres ou encore 791 000 hectares de terres agricoles. La Reine est donc une investisseuse multidisciplinaire qui élargit son portefeuille, lui assurant stabilité et rentabilité pour des générations à venir.

Cependant, comme tous, cette année, la famille royale a beaucoup perdu et le décès de Prince Philippe ne fait qu’aggraver un cas déjà bien fragilisé. En effet, depuis mars 2020, les palais de Buckingham et de Windsor ont perdu plus des trois quarts de leurs recettes suite à une chute brutale du tourisme.

La famille royale : un investissement rentable ?

Nous venons de noter donc que la famille royale est certes dispendieuse mais ne peut guère être condamnée au titre de voleuse de fonds publics, son coût s’élevant à un peu plus d’un pound par an pour un britannique. De plus, cette dernière paye depuis 1992 l’impôt sur le revenu et multiplie ses investissements afin d’accroître sa fortune, comme toute bonne rentière. Cependant, la famille royale est également un investissement à elle toute seule. En effet, cette dernière génère chaque année des milliers de pounds et développe également un soft power international incontestable. 

Tout d’abord, la famille royale est un retour sur investissement plutôt lucratif. En effet, la famille attire un tourisme non négligeable. En moyenne, 500 millions de livres de tourisme sont directement générés par les Windsor, notamment grâce aux visites de palais. Au total, en 2017, la famille des Windsor a généré près de 2,02 milliards d’euros en rentrées directes et indirectes à l’Angleterre. De quoi faire pâlir quelques entreprises du CAC40, donc. Pourtant, ce n’est rien face aux recettes titanesques provoquées par des évènements royaux. Prenons le mariage de Megan Markle et du Prince Harry : en 2018, l’union du prince avec la célébrité américaine a coûté à la famille royale près de 51,6 millions d’euros. Si cela peut vous faire – à juste titre – doucement sourire, comprenez que cet investissement est minime face aux retombées économiques que cela a généré. En effet, d’après Brand Finance, cette union a rapporté près de 1,15 milliards d’euros à l’économie britannique ! L’entreprise explique ce retour sur investissement sur-lucratif par un phénomène de « feel good » généralisé. Cette union royale est l’exemple emblématique d’une force économique incontestable. De même, Kate et William peuvent en effet se vanter d’avoir apporté près de 122 millions de livres en un weekend et attiré plus de 200 millions de téléspéctateurs pour leurs mariages. Le discours de la Reine sur la COVID-19, quant à lui, a été suivi par près de 24 millions de personnes.

De même, l’arrivée de royal babies est extrêmement attendue par la famille royale, certes, mais surtout par… les commerçants ! En effet, l’arrivée de nouveaux-ré de sang royal est un véritable gagne-pain pour les anglais : les enfants de Kate et William, George, Charlotte puis Louis, ont généré près de 894 millions de recettes supplémentaires ! 

Enfin, comment analyser la famille Windsor sans se pencher sur la très célèbre série qui les fait frémir ? Souvent médiatisée pour la franchise de ses saisons qui ne mettent pas toujours en valeur la royauté, la série The Crown est elle aussi le témoin de la valeur économique de la famille royale. En effet, une saison de The Crown coûte en moyenne 100 millions de livres, soit 14 millions par épisode.

De plus, la famille royale est également une image historique qui perdure. Au-delà de sa puissance économique, elle est la représentante symbolique de l’Angleterre et attire à ce titre une multitude de visites diplomatiques. Elle soutient également les exportations anglaises, à l’instar du prince Andrew, ambassadeur du commerce extérieur.

Ainsi, d’après Brand Finance, « l’économie britannique tire clairement profit de la famille Windsor ». D’après leurs estimations, 4,40 livres par an et par habitant, la famille royale apporterait plus de 1,7 milliards d’euros à l’économie anglaise. Le retour sur investissement de la royauté semble donc non négligeable tant économiquement que diplomatiquement, ceci expliquerait donc pourquoi près de 77% de la population est en faveur de son maintien.

Audrey Barbieri

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