
Créé en 1968, le Prix de la Banque de Suède en hommage d’Alfred Nobel récompense les travaux de grands économistes. Après de longs mois de suspens, le nom des lauréats 2021 est enfin connu :
David Card, Joshua D. Angrist et Guido W. Imbens
Ce prix récompense leurs contributions à notre compréhension du marché du travail (Card) et à notre manière d’étudier la relation de cause à effet (Angrist et Imbens).
L’approche des lauréats a démontré comment nous pouvons tirer des conclusions à partir des expériences naturelles – les événements passés dans la vie « réelle » (comparé à l’environnement de laboratoire contrôlé par des chercheurs). Il s’agit souvent de situations de changement : les réformes économiques, les crises, des chocs climatiques, etc.
David Card
Né en 1956 dans une ville canadienne de Guelph, David Card poursuit ses études à l’Université Queen’s (Canada) et termine un doctorat à l’Université de Princeton (Etats Unis). Il se spécialise en économie du travail et s’intéresse à l’utilisation des expériences naturelles pour étudier les effets de l’immigration, du salaire minimum, du niveau de formation sur le marché du travail. Il obtient la médaille John Bates Clark (fameux prix pré-Nobel) en 1995. Actuellement il est professeur à l’Université de Californie à Berkeley.
Joshua D. Angrist
Joshua Angrist a été formé à l’Oberlin College et ensuite à l’Université de Princeton. Il s’intéresse particulièrement à l’économie du travail et à l’économie de l’éducation. Lors de son doctorat, Angrist partageait le même directeur de thèse avec son co-lauréat David Card (Orley Ashenfelter). Pour sa part, Angrist fut directeur de thèse d’Esther Duflo, la lauréate de Prix Nobel 2019. Actuellement il est professeur d’économie à MIT.
Guido W. Imbens
Né en 1953 aux Pays-Bas, Guido Imbens réalise ses études à l’Université Érasme de Rotterdam (Pays-Bas) et termine un doctorat à l’Université Brown (Etats Unis). Il se spécialise en économétrie, particulièrement en questions de causalité. Actuellement il est professeur à l’Université de Stanford. Il faut savoir qu’Imbens est marié à l’économiste Susan Athey, qui était doctorante du lauréat de Prix Nobel 2020 Paul Milgrom. En 2007, elle obtient la médaille John Bates Clark (forme de « pré-Nobel »). Rejoindra-t-elle aussi bientôt les fameux lauréats ?
Les expériences naturelles : les différences avec l’économie comportementale
Plusieurs médias ont titré en ce jour de remise sur l’attribution à des économistes de l’« économie comportementale », or la singularité méthodologique de ces nouveaux Nobels reposent davantage sur les expériences naturelles. A l’aide d’expériences naturelles, David Card a analysé les effets du salaire minimal, de l’immigration et de la scolarité sur le marché du travail. Comme le suggère le jury du Nobel : « ses études du début des années 1990 ont remis en question les idées reçues, ce qui a conduit à de nouvelles analyses et à de nouvelles perspectives » L’économie comportementale (ou dite expérimentale) consiste à tester les hypothèses de comportement des modèles économiques, l’étude en laboratoire permettant d’isoler les éléments de la décision individuelle. A l’inverse Card, Angrist et Imbens utilisent des expériences naturelles qui ressemblent à des expériences randomisées mais où aucun chercheur n’a été tiré au sort.
L’équipe d’Easynomics
Retrouvez les travaux des lauréats précédents avec la série « Adopte un Prix Nobel » :