COVID-19

Il est désormais communément admis que la France est frappée par une deuxième vague épidémique. L’ampleur de celle-ci est encore inconnue, mais elle a, comme la première, une puissance vertigineuse qui nous habitue à son déferlement.

Nous vous proposons de vous aider à comprendre la situation que nous traversons.

Photographie de la situation actuelle

Comme lors de la première vague, l’enjeu principal est de « lisser la courbe » pour éviter de saturer nos hôpitaux. La situation à éviter est une saturation des hôpitaux qui obligerait à déprogrammer des opérations, lesquelles l’ont potentiellement déjà été il y a quelques mois.

Or, ces derniers jours, les entrées à l’hôpital décollent.

Entrées quotidiennes à l'hôpital pour COVID-19

Dans le détail, plus de 1500 patients rentrent chaque jour à l’hôpital pour COVID-19, alors que moins de 700 rentrent chez eux suite à une amélioration de leur situation. Ce niveau représente 44% du pic d’avril ; et son ascension n’est pas terminée.

Entrées et sorties quotidiennes de l'hôpital pour COVID-19

L’écart entre entrées et sorties de l’hôpital se creuse chaque jour. La conséquence de cela est une hausse du nombre de patients hospitalisés de plus en plus rapide.

Nombre de patients hospitalisés pour COVID-19

Il y a en ce moment davantage de patients hospitalisés pour COVID-19 que 10 jours après le début du confinement. Le taux de croissance moyen oscille entre 5 et 7%.

Le même phénomène se retrouve sur les entrées et sorties de réanimation.

Entrées et sorties quotidiennes de réanimation pour COVID-19

250 patients entrent chaque jour en réanimation, 150 patients en sortent. Le solde quotidien du nombre de patients en réanimation augmente.

Nombre de patients en réanimation pour COVID-19

Près de 50% des lits de réanimation disponibles dans le pays sont occupé par des patients COVID-19. Cela amène malheureusement des hôpitaux à déprogrammer des opérations, et fatigue nos systèmes de soin.

A noter par ailleurs que les patients en réanimation ont de plus en plus besoin de soins lourds : fin juillet, 20% des patients en réanimation étaient placés sous ventilation assistée. Ce pourcentage est aujourd’hui de 50%.

La reprise épidémique se retrouve aussi, malheureusement, dans les décès hospitaliers.

Nombre quotidien de décès hospitaliers pour COVID-19

Comparaison avec la première vague

Cette deuxième vague diffère en certains points avec la première.

D’une part, car le rythme de croissance n’est pas le même. Autour de 12% pour le nombre de patients hospitalisés en mars, contre 6% en octobre. Vous pouvez visualiser cette différence en faisant coulisser les images ci-dessous :

Faites glisser les images pour comparer le rythme de croissance de mars à celui d’octobre

D’autre part car l’épidémie semble plus diffuse sur le territoire. En mars, quelques départements étaient très touchés, d’autres très peu. En classant les départements par leur nombre de patients hospitalisés pour COVID-19 ramené à la population, l’écart type était de 13,9. En octobre, avec le même nombre de patients sur le territoire, l’écart type est descendu à 7,7 :

Répartition des départements français par nombre de patients hospitaisés pour COVID-19

Cela peut être interprété de deux manières.

D’un côté, la moindre concentration des patients sur des territoires en particulier permet de limiter la non-adéquation entre besoins et disponibilités des places à l’hôpital, qui avait conduit en avril à déplacer de nombreux patients d’une région à l’autre.

De l’autre, la pandémie n’épargne plus certaines régions de France, comme c’était le cas lors de la première vague. La diffusion du virus à l’échelle nationale rend plus difficile la mise en place de mesures sanitaires départementales ou régionales

Ainsi, si la deuxième vague est moins rapide, elle part de plus haut, dans une France où moins de régions sont épargnées.

Et après ?

L’enjeu des prochaines semaines va être de faire revenir l’épidémie à un niveau avec lequel on peut vivre. Emmanuel Macron a évoqué un objectif de 3000 à 5000 nouvelles contaminations par jour.

Cela justifie la mise en place de mesures sanitaires. Avec le niveau actuel de contaminations (27 500 par jour en moyenne), et avec pour objectif d’atteindre ce niveau fin novembre, il faudrait un R effectif égal à 0,7.

C’est le niveau qu’il avait durant le confinement. Il est aujourd’hui autour de 1,4.

Pour atteindre cette baisse, le protocole tester-tracer-isoler doit être amélioré. L’objectif notamment est de réduire la part des contaminations non-tracées, aujourd’hui autour de 75%.

Elias Orphelin

Liens utiles : La page Santé Publique France, l’outil d’analyse des symptômes du gouvernement, l’application TousAntiCovid

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